ARMELLE DE SAINTE MARIE
MANIGANCES
28 MARS > 31 MAI 2026
VERNISSAGE —27 MARS 18H30
Commissariat Christian Mahé
… « Quand je me rends à l’atelier d’ADSM je me demande: “ Qu’est-ce qu’elle manigance?” Manigance... le mot porte en lui le mot main, le mot manche, l’ouvrier et le prestidigitateur (qui lui contient le mot doigt). J’imagine ses longues mains virevolter gracieusement comme dans un Disney, quand la jeune princesse épaulée d’oiseaux bleus confectionne une pâte à tarte parfaite, avec les croisillons et la petite cheminée. Je revois les mains du pickpocket de Bresson rejouer tous les gestes de l’histoire de l’art. J’entrevois un savoir faire lentement acquis le long des heures peintes. Mais je sais que ce que manigance Armelle c’est toujours comment déjouer l’assurance de ses gestes, comment contrecarrer sa propre habileté pour que le basculement de la surface de l’image à la peinture ait lieu. Ce que ADSM semble chercher c’est le jaillissement d’un geste qu’elle ne savait pas avoir en elle. C’est la possibilité d’un monde peint pour la première fois. On pourrait dire que pour ADSM peindre c’est se tenir dans un état de porosité avec son inconscient. Le garder à portée de main, sans médiation de la parole, créer les conditions propices à la remontée des gestes oubliés et enfouis. Quand la peintre commence une odyssée, elle fait un baluchon de gestes et de flaques, de tons et de traits. Elle se rend au tableau et cherche comme à y organiser le meilleur pique-nique possible, et puis pendant la digestion, elle rêvera, endormie sous un arbre quelconque, avant de partir pour une rando dont elle ne saura absolument rien. Elle va là où l’évènement, la trouvaille surprenante peut enfin avoir lieu, avec l’étonnement et la joie de ce que nous nous donnons à nous-même sans savoir qu’on l’avait avec nous.
Extrait du texte « Le petit pois de la matière », Nathalie Hugues, 2025
Formée aux Beaux-Arts et aux Arts Appliqués, elle développe depuis la fin des années
1990 une œuvre picturale où la matière, la couleur et le geste s’entrelacent dans une
tension entre abstraction et apparition. Sa peinture se nourrit de différentes pratiques
et techniques, embrassant également le dessin, la gravure, l’édition.
Ses expositions personnelles, notamment à la galerie Jean Fournier à Paris (Garden
party, Fol humus), à la Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain (Saint-
Gaudens), à Progress Gallery (Paris) ou à la galerie Béa-Ba (Marseille), jalonnent un
parcours marqué par la constance d’une recherche sur la transformation des formes et
la vitalité du mouvement. Elle a également participé à de nombreuses expositions
collectives et salons parmi lesquels Art Paris, Drawing Now, Design Miami/Paris, ou
encore à L’Art dans les Chapelles (Morbihan), à l’Abbaye de Maubuisson (Val
d’Oise)…
Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques, dont celles du FRAC
Auvergne, du FRAC Picardie, du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, du
Musée Fabre à Montpellier et diverses artothèques. Elle collabore régulièrement avec
des ateliers de production d’estampes et d’éditions, tels que l’Atelier Michael
Woolworth, Tchikebe et Vis-à-Vis, et a publié plusieurs ouvrages, dont Odyssées
hybrides (monographie parue en 2021 chez Arnaud Bizalion éditeur, en collaboration
avec Opening book) et Blow Up (2025, Éditions AA Marseille).
Armelle de Sainte Marie vit et travaille à Marseille.